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Les dividendes : entre mythes et réalités

 

1560 milliards de dollars : c’est le montant de dividendes qui ont été versés à travers le monde en 2022. En tant qu’investisseur, ça laisse rêveur, pas vrai ? Nombreux sont les investisseurs en quête d’un revenu « passif », c’est-à-dire d’une capacité à « gagner de l’argent en dormant ». C’est dans ce contexte que beaucoup optent pour une stratégie d’investissement dans des actions à dividendes. Si cela peut s’avérer fructueux puisque, a priori, le versement d’un dividende est plutôt signe d’une bonne santé financière de l’entreprise ; nous allons voir que tout n’est pas si simple, et que foncer « tête baissée » peut s’avérer dangereux.

Les dividendes

Point introductif

Commençons par le commencement. Un dividende, qu’est-ce que c’est ? Pour le dire simplement, les dividendes représentent une part des profits qu’une entreprise décide de distribuer à ses actionnaires afin de les récompenser pour la réalisation de leur investissement.

D’un point de vue plus « technique », le dividende est calculé en multipliant le « taux de distribution » par le résultat net de la société. Le taux de distribution représentant ainsi le pourcentage de distribution décidé par le conseil d’administration de la société, c’est donc un choix stratégique assumé. Le résultat net, c’est simplement le profit (ou la perte) réalisé après paiement des impôts.

Ceci-dit, il faut aussi comprendre que les dividendes peuvent prendre plusieurs formes :

  • Les dividendes en espèces : la forme la plus courante de dividendes est le paiement en espèces. L’entreprise verse directement une somme d’argent spécifique pour chaque action détenue. Ce type de dividende offre un avantage immédiat aux actionnaires, leur fournissant un revenu en espèces qui peut être réinvesti ou utilisé comme ils le souhaitent. 
  • Les dividendes en actions : au lieu de distribuer des dividendes en espèces, une entreprise peut choisir d’émettre des dividendes sous forme d’actions supplémentaires. Cela signifie que les actionnaires reçoivent un nombre d’actions additionnelles proportionnel à leur détention actuelle. Les dividendes en actions ont l’avantage d’accroître la part de propriété des actionnaires dans l’entreprise sans nécessiter un investissement en espèces supplémentaire. Ce type de dividende est particulièrement attrayant pour les investisseurs souhaitant augmenter leur exposition à long terme à l’entreprise. 
  • Les dividendes constitués d’autres actifs : bien que moins courants, les dividendes peuvent également être versés sous forme d’autres actifs, tels que des propriétés, des produits ou des services. Cette méthode est relativement rare et généralement associée à des situations spécifiques où l’entreprise souhaite partager ses bénéfices d’une manière unique.

Dernier concept qu’il est capital de maîtriser en matière de dividende : le détachement.

Les dividendes

Zoom sur « le détachement »

Le détachement de dividende, c’est la procédure par laquelle une entreprise sépare le droit au dividende du titre de l’action elle-même à une date spécifique appelée : date de détachement.

Tout investisseur doit avoir en tête 4 étapes distinctes essentielles dans la « vie » du détachement.

  • La date d’annonce : c’est le jour où l’entreprise annonce officiellement le dividende et ses détails, y compris le montant par action. 
  • La date de détachement (ou date d’ex-dividende) : c’est le jour où les actions commencent à être vendues sans le droit au dividende. Pour être éligible à recevoir le dividende, un investisseur doit posséder l’action avant la date de détachement (on vous voyait venir les malins). En pratique, cela signifie que l’achat doit être effectué au moins deux jours ouvrables avant la date de détachement en raison du délai de règlement des transactions boursières. 
  • La date d’enregistrement : c’est le jour où l’entreprise examine ses registres pour identifier les actionnaires éligibles au dividende. Seuls les actionnaires inscrits dans les registres de l’entreprise à cette date recevront le dividende. La date d’enregistrement suit généralement la date de détachement d’un ou deux jours ouvrables. 
  • La date de paiement : c’est (logiquement) la date à laquelle le dividende est effectivement payé aux actionnaires éligibles.

Il faut bien comprendre qu’un détachement n’est pas anodin, puisqu’il impacte directement le prix de l’action concernée. En effet, le jour du détachement, le prix de l’action est ajusté à la baisse par le marché pour refléter le paiement du dividende. Cela signifie que le prix de l’action ouvrira généralement plus bas le jour de la date de détachement que la clôture du jour précédent, souvent approximativement de la valeur du dividende.

Notons que le concept de détachement impacte directement la lecture graphique d’un cours boursier. En effet, il est possible de lire un cours de bourse « avec ou sans » l’ajustement des dividendes détachés. Classiquement, les cours de bourse sont présentés sans ajustement, c’est la première image qu’on vous propose.

Source : ProRealTime

Toutefois, certains investisseurs préfèrent analyser des cours dits « ajustés », considérant que le détachement du dividende a été anticipé de manière certaine par le marché et qu’il n’est donc pas pertinent de le distinguer.

Source : ProRealTime

Les dividendes

Les dividendes : de l’attrait psychologique aux critiques financières et stratégiques

La possibilité d’investir dans une action capable de s’apprécier tout en vous restituant de la valeur par le biais des dividendes, cela attire naturellement les convoitises. Certains investisseurs fondent d’ailleurs leur stratégie uniquement sur l’investissement dans des actions versant des dividendes. La raison ? C’est souvent la recherche de revenus passifs, la possibilité d’avoir un retour « cash » sur ses investissements.

Cette stratégie étant, avec ses forces comme ses faiblesses, il ne faut (absolument) pas commettre l’erreur de croire qu’un versement de dividende est une création de valeur pour vous, investisseur.

Pourquoi ? Et bien reprenons ensemble le concept du détachement. Le dividende, ce n’est que « convertir » sous forme monétaire une partie d’un titre de propriété (une action). Un versement de dividende n’est pas une opération de création de valeur, c’est une opération de transformation ! Gare aux gourous qui vous « vendent » des stratégies de création de valeur via l’investissement dans les sociétés qui versent des dividendes, c’est mathématiquement faux.

Ensuite, il faut s’intéresser aux raisons qui poussent une société à décider de « récompenser » ses actionnaires par le versement d’un dividende. Pour cela, comprenons une chose, une entreprise profitable a deux choix : restituer le « cash généré » à ses actionnaires sous forme de dividende (notamment), ou bien réinvestir cet excédent dans de nouveaux projets afin d’augmenter in fine la valeur de l’entreprise (et donc des actions). Il est donc évident que si aucun projet de croissance n’est présenté, l’entreprise a plutôt intérêt à verser un dividende. Vous l’aurez donc compris, le versement d’un dividende peut être aussi le signal d’un manque d’opportunité pour la société dont vous êtes actionnaire !

Enfin, nous souhaitions aborder avec vous le problème de la taxation dans le cas d’un Compte Titres Ordinaires. Comprenons que pour qu’un dividende soit versé, l’entreprise doit d’abord payer l’impôt sur les sociétés (25% en France) avant de verser l’espèce. Plus encore, le détenteur du CTO, lorsqu’il s’acquitte du dividende, se doit de le déclarer comme une plus-value qui sera taxée (généralement) à 30% selon le régime de la Flat-Tax. L’argent disponible pour un réinvestissement est donc bien moindre, alors que la société aurait pu réinvestir directement cet argent, et baisser par la même occasion son imposition globale (et donc sa performance).

Même si cet article décrédibilise davantage les stratégies d’investissement dans les actions à dividendes, il ne faut pas pour autant leur tourner le dos ! Certaines sociétés connaissent une croissance depuis des décennies, croissance qui n’a jamais été freinée par le versement d’un dividende à leurs actionnaires : Coca-Cola en est le meilleur exemple. Dans ce cas de figure, le dividende est véritablement une « récompense » monétaire pour remercier l’actionnaire de sa confiance. Une chose est donc certaine, l’analyse du versement (ou non) d’un dividende ne doit être en aucun cas la condition suffisante pour laquelle vous décidez d’investir dans une société. C’est un élément qui doit toutefois être certainement pris en compte. 

Martin Decanter

Martin Decanter

Analyste, auteur et coach - Certifié AMF

Martin, expert en macroéconomie et pédagogue, combine formation en finance et expériences en gestion de patrimoine et analyse stratégique.

Au sein de Finneko, il est responsable des analyses économiques et œuvre pour démocratiser l'accès à l'investissement notament via des contenus vidéo (Formation et Youtube).

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