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La volatilité comme mesure du risque sur les marchés financiers

 

Dans ce nouvel article, nous essayerons d’expliciter aussi clairement que synthétiquement l’approximation du risque par un concept fondamental en finance : la volatilité.

Généralement, avant d’envisager un investissement, tout prétendant tente d’évaluer le fameux rapport « rendement-risque », considéré comme l’ultime juge de paix avant de prendre une décision. Si la notion de « rendement » est souvent connue des investisseurs débutants, celle de « risque » l’est tendanciellement beaucoup moins. Et pourtant…

LA VOLATILITé

Mesure théorique du risque

Mathématiquement parlant, la volatilité une mesure statistique de la dispersion des rendements pour un actif.

Pour le dire plus simplement, imaginez une mer calme où les vagues représentent les fluctuations subies par le cours d’une action : une mer agitée avec de grandes vagues symboliserait alors une forte volatilité, tandis qu’une mer paisible avec de petites vagues indiquerait une faible volatilité.

En clair, la volatilité désigne l’amplitude des variations du cours de bourse d’un actif financier. Allons plus loin en prenant un exemple illustré.

Source : Finneko

Comparons deux actions sur la même échelle temporelle : l’action A (rouge clair) et l’action B (rouge foncé).

Le cours de l’action A a progressé de façon linéaire, passant de 10$ à 100$. Jusqu’ici, rien de bien compliqué donc.

Le cours de l’action B a aussi progressé, passant également de 10$ à 100$ sur la même période. Pourtant, tout investisseur rationnel aurait préféré détenir l’action A. Pourquoi ? La réponse se trouve dans la volatilité du cours de l’action B.

En effet, le cours de l’action est passé de 10$ à 80$ (soit 700% de hausse) pour chuter à 20$ (soit 75% de chute) et enfin toucher les 100$ (soit 400% de hausse). Le cours a donc été extrêmement volatil, rendant plus que difficile pour un investisseur de conserver son titre sur l’ensemble de la période afin de réaliser une belle performance.

En investissement, la volatilité est ainsi synonyme de risque, car elle représente statistiquement l’incertitude qui plane autour de l’avenir d’un actif. De plus, la volatilité engendre souvent des réactions purement émotionnelles chez les investisseurs. Or qui dit émotion, dit mauvaise décision.

la volatilité

Le « VIX » comme l’illustration empirique de la volatilité des marchés

Souvent surnommé « l’indice de la peur », le VIX est l’indice de référence en matière de volatilité sur les marchés américains. Créé par le Chicago Board Options Exchange (CBOE), le VIX mesure la volatilité du S&P500, l’indice boursier de référence aux États-Unis (puisqu’il regroupe les performances des 500 plus grandes capitalisations boursières américaines).

À titre informatif, son homologue européen est le VSTOXX, calculant donc la volatilité de l’indice EURO STOXX 50. Toutefois, les investisseurs du monde entier accordent davantage d’importance au VIX, car ce sont généralement les marchés américains qui « donnent le tempo » sur les bourses mondiales.

Une question doit donc vous venir : comment est calculé le VIX ? Voici donc la formule mathématique…

Source : IG

Un peu barbare, pas vrai ? En réalité, il faut retenir que le VIX est calculé en réalisant la moyenne de la volatilité des options d’achat et de vente sur le S&P500 : on parle de « call » pour les options d’achat et de « put » pour les options de vente.

Ces termes sont souvent jugés très techniques par les investisseurs novices, comprenons-ici une chose : les options sont des produits financiers qui permettent à leur détenteur d’acheter ou de vendre des actifs financiers plus tard à des prix déterminés en amont : ce sont des produits de protection. Ainsi, une augmentation de leur volatilité « implicite » traduit généralement de l’incertitude quant à l’avenir, et donc un risque croissant. Ces options étant dérivées du S&P500, si leur volatilité augmente, l’indice VIX augmente aussi (puisque c’est la moyenne de ces mêmes options). Bingo, vous venez de comprendre grossièrement comment fonctionne le VIX.

Une nouvelle question devrait donc vous venir : puisque le VIX est un indice quantifiable, il est donc possible de l’interpréter ? Vous avez raison. Voici une grille de lecture que nous vous proposons et qui n’engage que nous :

  • VIX < 18 : la volatilité du marché est jugée faible
  • 18 < VIX < 30 : la volatilité est omniprésente mais n’est pas excessive
  • VIX > 30 : la volatilité est ici jugée « très forte »

On note d’ailleurs que le VIX atteint des niveaux très importants en période de krach boursier ! Rien que durant le dernier krach lié au Covid-19, le VIX avait atteint le niveau stratosphérique des 85 points.

Pour conclure sur le VIX, souvenez-vous donc que c’est un bon indicateur pour prendre la température des marchés américains, et par ricochet des marchés mondiaux. Sa qualification « d’indice de la peur » prend tout son sens lorsqu’on comprend que volatilité et risque ne sont que les deux reflets différents de l’incertitude sur les marchés financiers.

la volatilité

Volatilité et risque face au rendement

Maintenant que nous sommes à l’aise avec les notions de volatilité et de risque d’un actif, il est plus pertinent que de les réévaluer à la lumière du rendement de ce même actif. Pourquoi ? Car en tant qu’investisseur, votre but est de maximiser votre rendement, mais pas à n’importe quel prix ! Il faut aussi savoir minimiser les risques pris. Pour ce faire, il existe un célèbre ratio permettant d’évaluer ses stratégies d’investissement : le ratio de Sharpe.

La formule est bien moins barbare que celle du VIX, pas vrai ? En réalité, ce ratio se calcule simplement en soustrayant au rendement d’un actif le rendement des actifs sans risque (généralement, on prend le rendement des obligations d’un État comme les États-Unis comme référence, puisqu’ils sont censés ne « jamais faire défaut). Une fois cette soustraction réalisée, on divise le tout par la volatilité de ce même actif (représenté mathématiquement par l’écart-type).

Prenons un exemple :

  • Le cours de bourse d’une société A a progressé de 10% en 2023, avec une volatilité de 3%
  • Le cours de bourse d’une société B a progressé de 15% en 2023, avec une volatilité de 10%
  • Le taux des obligations d’État américaines à 10 ans est resté stable à 4% (notre taux sans risque ici)

En appliquant la formule du ratio de Sharpe, on trouve un ratio de 2 pour la société A, et un ratio de 1,1 pour la société B. En clair, même si la société B a davantage performé que la société A, elle a présenté beaucoup plus de risque. Un investisseur soucieux de maximiser son rendement tout en minimisant son risque aurait donc préféré la société A.

Voilà donc pourquoi il est toujours essentiel de mesurer la volatilité d’un actif avant de songer à y investir. Maximiser son rendement est essentiel, mais minimiser son risque l’est tout aussi.

Martin Decanter

Martin Decanter

Analyste, auteur et coach - Certifié AMF

Martin, expert en macroéconomie et pédagogue, combine formation en finance et expériences en gestion de patrimoine et analyse stratégique.

Au sein de Finneko, il est responsable des analyses économiques et œuvre pour démocratiser l'accès à l'investissement notament via des contenus vidéo (Formation et Youtube).

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