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Le taux de change
Cette semaine, nous avons décidé de nous focaliser sur un marché aussi spécifique qu’important au sens économique : le marché des changes. Par « changes », on entend littéralement « devises » ou encore « monnaies ». Concrètement, les changes désignent les différentes monnaies mondiales, utilisées dans leurs économies respectives (le dollar pour les États-Unis, l’euro pour la Zone Euro, etc..). Qu’entend-on alors par « marché des changes » ? Comme tout marché désigne un lieu d’échanges où se rencontrent des acheteurs et des vendeurs, le marché des changes désigne simplement un lieu où sont échangés différentes monnaies.
Le taux de change
Quelques éléments contextuels
« Regarder le passé pour comprendre le présent », vous commencez à comprendre notre méthode. En réalité, l’adage prend tout son sens pour comprendre l’organisation actuelle du marché des changes.
Il faut alors remonter à la fin du 19ème siècle pour voir naître le « premier système de change international » et : l’étalon-or. Initié par la volonté allemande de fonder le Goldmark en 1873, l’étalon-or s’est imposé comme un système de changes qualifié de « changes fixes » avec un principe : l’ensemble des devises voyaient leurs valeurs ancrées dans l’or, et par extension les monnaies étaient donc échangeables entre elles à un taux de change fixe.
Ce système avait ses vertus, puisqu’il permettait une grande stabilité entre le cours des monnaies. Toutefois, il a pris fin durant la 1ère guerre mondiale pour des raisons principalement exogènes. L’entre-deux guerres a été marquée par une forte incertitude économique, qui s’est traduite par différents modèles de changes concernant notre sujet, il faut ainsi arriver en 1944 pour voir un nouveau modèle apparaître, dont les conséquences économiques perdurent encore aujourd’hui : le système de Bretton-Woods.
Proposé (pour ne pas dire imposé) par l’hégémonie américaine en pleine guerre, c’est le système de Bretton-Woods qui a précipité l’avènement mondial du dollar, et cela s’entend à la lumière du fonctionnement propre de ce système. En clair, la valeur du dollar américain était ancrée dans celle de l’or (35$ l’once) alors que les autres devises mondiales étaient reliées au dollar lui-même. Ce système sera alors consacré comme un « privilège exorbitant » américain.
Toutefois, il n’appartient plus qu’au passé puisqu’en 1971, le président Nixon avait décidé de la fin de la convertibilité de l’or en dollar, mettant donc en péril l’ensemble du système. Les raisons ? L’utilisation américaine abusive de la création monétaire pour financer sa croissance durant les fameuses « Trente Glorieuses » ayant déprécié fondamentalement la valeur du dollar face à l’or, et donc rendu caduque l’ensemble du système.
Toute cette histoire pour nous amener aujourd’hui à un système de changes non pas fixes, mais flottants ! En clair, les devises s’échangent aujourd’hui sur un marché dit « libre » appelé le Forex, et les cours paritaires fluctuent chaque jour selon les lois du marché : l’offre et la demande. Chaque pays (ou zone monétaire) est donc responsable de sa politique de change, susceptible d’influencer la valeur de sa monnaie sur ce marché (non sans conséquence comme nous allons le voir).
Le taux de change
L’importance du taux de change dans l’investissement
Pour comprendre l’importance du taux de change dans le monde de l’investissement, il faut revenir à la définition même de celui-ci. En effet, ce taux permet de « standardiser » (et donc de faciliter) l’échange entre deux devises. L’intérêt ? Commercer ! Et cela prend tout son sens dans une économie globale mondialisée. Avez-vous déjà essayé de réaliser un achat aux États-Unis avec des euros ? Impossible effectivement, voilà la raison pour laquelle le marché des changes existe.
Comprenons ici que cette importance « économique » se traduit également dans la sphère financière. De la même manière qu’il est nécessaire de détenir du dollar pour réaliser des achats aux États-Unis, il est nécessaire d’en détenir pour acheter des actifs américains. Vous ne vous en rendez pas nécessairement compte, mais lorsque vous achetez une action Apple via votre compte-titres, même si la transaction s’effectue en euro de votre côté, vos euros sont instantanément échangés contre des dollars par votre courtier pour ensuite acheter effectivement l’action de votre choix.
À ma lecture, une interrogation devrait naître de votre côté : le taux de change impacterait-il la performance de mes actifs « étrangers » ? La réponse est catégorique, oui ! En tant qu’européens, il devient donc nécessaire de surveiller les évolutions du cours de l’euro face au dollar, au pound britannique, au franc suisse, et ce d’autant plus que nous pouvons être amenés à investir dans des actifs libellés dans ces monnaies.
Toutefois, « surveiller » les taux de change dans l’absolu ne permet pas d’anticiper les mouvements de ce marché, et donc d’en tenir compte dans le cadre d’un investissement à l’étranger. Il faut alors comprendre les dynamiques propres qui opèrent sur ce marché.
Le taux de change
Les déterminants du taux de change
Comment anticiper les dynamiques de ce marché alors que les prix formés ne le sont que par jeu d’équilibre entre l’offre et la demande ? Si l’exercice théorique serait plus qu’intéressant, nous avons fait ici le choix de prendre l’angle du « concret », celui qui dessert un investisseur lambda. Retenons alors deux grands déterminants.
Le premier, c’est celui de la stabilité politique, économique, géopolitique, etc. En clair, la valeur d’une devise est censée refléter la confiance du marché dans le système économico-social d’un pays. C’est bien parce qu’une monnaie est censée jouer le rôle de « réserve de valeur » que des agents sont notamment prêts à la conserver. Nombreux sont les exemples illustrant l’instabilité monétaire à la lumière d’une instabilité plus globale, les pays latino-américains en sont le parfait exemple.
Le deuxième déterminant intéresse souvent davantage, car son impact est généralement plus « court-termiste ». En règle générale, c’est ce paramètre qui influence les taux de change au quotidien. Lequel ? Le taux d’intérêt.
Le taux d’intérêt, encore et toujours. Pourquoi ? C’est toute la question. Pour y répondre, nous allons prendre un exemple économique plus que concret. Imaginez (à tout hasard) que la banque centrale américaine décide de relever unilatéralement le niveau de ses taux d’intérêt. Conséquence directe : l’ensemble des taux dans l’économie américaine sont poussées vers le haut. Ainsi, l’ensemble des nouvelles émissions obligataires se feront à un taux élevé, et donc à un rendement plus élevé pour l’investisseur. En tant qu’investisseur européen évoluant dans une zone monétaire dont les taux n’ont pas augmenté, la tentation d’aller investir aux États-Unis est grandissante, pas vrai ? Problème : pour investir aux États-Unis, il vous faut vendre vos euros contre des dollars. En d’autres termes, vous offrez vos euros et vous demandez des dollars, le cours de l’euro face au dollar chute ainsi logiquement.
Vous l’aurez compris, des mouvements haussiers sur les taux d’intérêt renforcent la valeur d’une monnaie face à ses pairs ! Ni plus, ni moins. Alors que nous nous apprêtons à entrer dans une période où les taux devraient baisser dans les économies occidentales, mais non nécessairement de façon synchronisée, il apparaît pertinent de bien avoir la relation en tête. À méditer donc !
Martin Decanter
Analyste, auteur et coach - Certifié AMF
Martin, expert en macroéconomie et pédagogue, combine formation en finance et expériences en gestion de patrimoine et analyse stratégique.
Au sein de Finneko, il est responsable des analyses économiques et œuvre pour démocratiser l'accès à l'investissement notament via des contenus vidéo (Formation et Youtube).
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