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L’indice PMI : indicateur de conjoncture magique ?
Nouvelle semaine, nouveau sujet. Pour vous rappeler que le monde de l’investissement est corrélé (notamment) à la dynamique économique, aussi appelée « conjoncture » économique, nous avons décidé de vous présenter l’indicateur « star » en la matière : l’indice PMI.
Qui sommes-nous pour juger de la pertinence d’un indicateur plutôt qu’un autre ? Humblement, « pas grand monde ». Mais lorsque Alan Greenspan, ancien gouverneur de la Federal Reserve entre 1987 et 2006 déclarait que « s’il se trouvait seul sur une île déserte avec un unique indicateur, il choisirait l’ISM PMI pour la fixation des taux d’intérêt », tout de suite le sujet prend une tout autre ampleur.
L’indice pmi
Présentation historico-théorique de l’indice PMI
Savez-vous quel est le problème de la majorité des indicateurs économiques ? Le retard, et le célèbre « PIB » en est l’illustration parfaite. En effet, le PIB est un « lagging indicator », cela signifie que les données qu’il utilise sont des données faisant état du passé. Ce type d’indicateur est extrêmement efficace pour analyser a posteriori la dynamique d’une économie, mais ne permet pas de l’anticiper dans l’absolu.
Puisque toute problématique offre généralement l’opportunité d’y apporter une solution, l’indice PMI s’en est chargé. Publié pour la première fois en 1948 par l’Institute for Supply Management (ISM) aux États-Unis, cet indice s’est proposé de répondre par le biais d’une enquête à la question suivante : qu’anticipent les entreprises industrielles en matière de demande et donc de production ?
Vous noterez ma précision sur le caractère « industrielle » de ces entreprises, car l’ISM a fondé l’indice PMI en 1948, moment durant lequel l’industrie américaine représentait la majorité de l’économie nationale.
Une question devrait alors vous venir : pourquoi appelle-t ’on cet indicateur « PMI ». En réalité, PMI est l’acronyme de « Purchasing Managers’ Index », qui donne en français : indice des directeurs d’achats. Un tel nom fait référence à la méthodologie de l’enquête permettant de produire une telle statistique. En l’occurrence, le PMI est calculé chaque mois à partir des réponses données par les directeurs d’achats aux enquêteurs en matière de commandes, de production, d’emplois, de délais de livraison et de stocks. Ainsi, le fait de recueillir l’avis des directeurs d’achat « sur le terrain » permet d’anticiper au mieux la dynamique à court-terme de l’industrie. C’est cette méthode qui permet une forte corrélation entre le PMI dit « Manufacturier » (leading indicator) et la production industrielle (lagging indicator).
Une autre remarque doit être faite, car comme vous le savez, nos économies en Occident repose aujourd’hui avant tout sur le secteur tertiaire (les services). Or, comme explicité précédemment, le PMI était avant tout un indicateur industriel. Encore une fois, l’ISM a proposé une solution plus que pertinente en créant un autre indicateur dont le fonctionnement est similaire : le PMI « non-manufacturier » (aussi appelé PMI Services par abus de langage).
Enfin, notez que si la méthodologie nous vient du « Nouveau Monde », l’indice PMI est aujourd’hui calculé pour la plupart des économies. Aux États-Unis, la version publiée par l’ISM tous les 1ers jours ouvrés de chaque mois (de quoi donner le tempo aux marchés). Pour la France et l’Allemagne, ce sont les branches nationales de la société Standard & Poor qui se voient confier l’exercice.
l’indice pmi
Comment interpréter les résultats des indices PMI ?
En tant qu’investisseur, c’est nécessairement la question que vous vous posez à la lecture de cet article. Plus globalement, la question devient : comment les marchés interprètent les résultats des PMI ?
D’abord, comprenons que les résultats des indices PMI s’expriment sous forme de nombre compris entre 0 et 100 : un résultat supérieur à 50 indiquant une expansion du secteur industriel (ou tertiaire), et un résultat inférieur à 50 indiquant la réciproque.
Ensuite, remarquons qu’historiquement, les indices PMI ont su prédire avec brio la dynamique économique. On observe ainsi une forte corrélation entre le PMI américain et le PIB américain depuis des décennies, illustrant donc la pertinence de la méthode employée.
Vous vous doutez donc que la fiabilité d’un tel indicateur suscite l’envie des marchés financiers (et vous avez raison). Car si le PMI a la capacité d’anticiper la dynamique économique avec fiabilité, il peut donc devenir un très bon indicateur pour envisager le futur. Or, envisager le futur, c’est le métier d’un investisseur.
Ainsi (et de manière générale), les marchés financiers interprètent les résultats des PMI de la façon suivante :
- Un nombre supérieur à 50 indique une expansion du secteur, signe d’une demande anticipée par les directeurs d’achats en croissance et donc d’une hausse future de la production. En clair, le dynamisme économique inspire la confiance, et les marchés financiers s’en réjouissent.
- Un nombre inférieur à 50 indique une contraction du secteur, signe d’une demande anticipée par les directeurs d’achats en berne et donc d’un potentiel ralentissement de la production. En clair, le marasme économique est à prévoir, ce qui ne rassure pas les marchés financiers.
Notez également que la confiance dans le dynamisme économique est une fonction linéaire du résultat : une publication à 70 indiquant de bien plus belles perspectives qu’une publication à 55. En guise d’illustration, vous trouverez ci-dessous les résultats du PMI manufacturier américain de l’ISM des derniers mois.
Alors, indicateur magique ou non ? En réalité, il est difficile de répondre catégoriquement à cette question. Une chose est certaine : l’indice PMI est un indicateur indispensable pour analyser la conjoncture économique, et ainsi anticiper au mieux l’équilibre de son portefeuille pour maximiser son rendement tout en minimisant son risque. N’oubliez pas, côté américain, c’est le 1er jour ouvré de chaque mois. À bon entendeur.
Martin Decanter
Analyste, auteur et coach - Certifié AMF
Martin, expert en macroéconomie et pédagogue, combine formation en finance et expériences en gestion de patrimoine et analyse stratégique.
Au sein de Finneko, il est responsable des analyses économiques et œuvre pour démocratiser l'accès à l'investissement notament via des contenus vidéo (Formation et Youtube).
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